dimanche 21 juin 2009

Dans les chaussures de Shane Meadows...

J'avoue avoir toujours été un peu jaloux des Anglais : leur nation peut être vue comme un des deux berceaux du rock, leur sens de l'humour a rarement été égalé, leur football également... Passé ces quelques considérations quelque peu réductrices, il est un autre art où les Britanniques excellent et que l'on évoque bien moins souvent : le cinéma. Je pense plus particulièrement au mouvement enclenché dans les années 60, que l'on peut qualifier de « réalisme social » et que Fluctuat retrace pour nous.

Non seulement le genre existe toujours mais il semble même connaître un second souffle ces dernières années. Il y a d'une part les vétérans, dont certains sont toujours actifs : on pense bien sûr à Ken Loach qui nous a gratifié ces dernières années de quelques films marquants, tels que « The Wind that shakes the Barley » (« Le vent se lève ») ou très récemment « Looking for Eric », une fable qui mélange avec justesse humour et critique sociale, dotée d'un final jouissif comme on n'en avait plus vu depuis longtemps au cinéma. Et puis il y a la nouvelle génération, avec en tête de file de ce phénomène de renaissance du film social à l'anglaise, le réalisateur Shane Meadows. Je n'ai pas vu tous ses films mais son dernier, « This is England », qui évoquait l'histoire d'un jeune garçon enrôle par les Skinheads, m'avait fait forte impression. Cette semaine c'est par hasard que je suis tombé sur « Dead Man's Shoes », un film qu'il a réalisé en 2004. Je ne suis même pas sûr qu'il ait été programmé sur nos écrans à l'époque mais sa sortie ce mois-ci en DVD nous donne une bonne occasion d'en parler, et de se rattraper.

Pour ne pas gâcher l'effet de surprise, disons simplement que l'on suit la quête d'un ancien soldat, revenu dans son village d'enfance après de nombreuses années pour se venger...mais de quoi ?

Comme pour « This is England », le réalisateur a opté pour un tournage proche du genre documentaire : la région des Midlands y est dépeinte de très belle manière et Meadows parvient à sublimer des paysages et des villages très désolants à la base. Il privilégie également dans ses films des acteurs non-professionnels ce qui lui permet de compter sur une plus grande spontanéité de leur part, voire de jouer sur l'improvisation lors de ses tournages (quelques indications sur son cinéma dans cette interview). Quant à la trame du film, a priori assez classique, elle se révélera bien moins linéaire qu'il n'y paraît...

Pourquoi parler cinéma sur un blog voué à la musique me demanderez-vous? Tout simplement parce que la bande son du film est elle aussi exceptionnelle, avec des morceaux de Smog, Bonnie Prince Billy, Gravenhurst...ou encore Aphex Twin et Laurent Garnier. Une sélection, publiée chez Warp, qui laisse indéniablement autant de traces que les images du film et qui nous prouve une nouvelle fois le bon goût du réalisateur. Difficile de faire une sélection (on aurait pu retenir les instrumentaux de Calexico - « Untitled 2&3 » - thèmes récurrents du film), mais je vais choisir de faire simple avec le générique de fin, un titre on ne peut plus approprié de M.Ward :

M.Ward – Dead Man (plus disponible)

Quant à mon autre choix il s'agit simplement d'une découverte que j'ai faite grâce à Shane Meadows : le groupe Clayhill, plutôt inconnu de ce côté-ci de la Manche :

Clayhill – Afterlight (plus disponible)

Et je ne résiste pas au passage de vous livrer un autre de leurs titres en bonus, déjà présent sur la BO de « This is England », et qui est une très belle reprise de ce classique des Smiths :

Clayhill – Please, Please, Please, Let me get what I want (plus disponible)

Meadows sortira fin juillet un nouveau film, « Shames Town », une comédie prometteuse à en juger par sa bande-annonce.

Quatre de ses films sont repris dans ce coffret, qui me semble tout à fait incontournable (et que personnellement je ne vais pas tarder à commander !).

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