lundi 28 juin 2010

2010 : classement intermédiaire

Il fait chaud, trop chaud que pour s'épancher longuement sur son clavier. Mais en cette année où j'ai (enfin) fait l'effort de suivre quelque peu l'actualité musicale, je me suis dit qu'il ne serait pas inutile de récapituler tout ça sous forme d'un classement des 20 albums les plus écoutés, et donc appréciés, de ces six premiers mois de 2010. D'autant qu'il me facilitera la tâche lorsqu'il s'agira de compiler le traditionnel top de fin d'année, avec les développements d'usage cette fois.

Mon top intermédiaire :

1. Beach House - Teen Dream
2. Owen Pallett - Heartland
3. Joanna Newsom - Have One On Me
4. Arnaud-Fleurent Didier - La Reproduction
5. The National - High Violet
6. Get Well Soon - Vexations
7. Caribou - Swim
8. Foals - Total Life Forever
9. The Divine Comedy - Bang Goes The Knighthood
10. The Besnard Lakes - Are The Roaring Night
11. Spoon - Transference
12. The Tallest Man On Earth - The Wild Hunt
13. Midlake - The Courage Of Others
14. Tindersticks - Falling Down A Mountain
15. Holy Fuck - Latin
16. LCD Soundsystem - This Is Happening
17. She & Him - Volume II
18. Tunng - And Then We Saw Land
18. Laura Veirs - July Flame
19. Rufus Wainwright - All Days Are Nights (Songs For Lulu)
20. Broken Bells - Broken Bells

Et bonne saison estivale à tous bien entendu !

vendredi 28 mai 2010

Et les Nuits Bota ?

Après une longue pause qui a permis à ce blog d'atteindre une très belle centième place dans le classement Wikio (ce qui fait de moi une sorte de Ghislain Lambert de la blogosphère), il est peut-être temps de relancer la machine, en revenant sur la dernière édition des Nuits Botanique, sous la forme d'un Top 5 des meilleures soirées.

1. Joanna Newsom (première partie : Roy Harper)

Le concert le plus attendu de ce festival, c'était selon moi clairement Joanna Newsom, qui cette année a fait plus que confirmer l'étendue de ses talents avec son triple album "Have One On Me". L'Américaine a ainsi livré un concert somptueux de bout en bout, entrecoupé seulement par un réaccordage de sa harpe d'une dizaine de minutes, qui a permis une séance de questions-réponses hilarante entre le public et les musiciens. Deux bémols tout de même à cette soirée qui frôlait la perfection : la harpe de Joanna était si grande qu'on ne l'a presque pas vue de la soirée, tant elle était cachée par son instrument. Plus regrettable était l'absence dans le set de la belle de son morceau "Emily" (qui ouvrait son album "Ys" et qui est aisément un des plus beaux titres de ces dix dernières années) : déception amère et pourtant on y a cru jusqu'au bout...
Quant à la première partie assurée par Roy Harper, le sentiment d'assister à une prestation d'une légende vivante inspirait un respect poli mais mis-à-part la sympathie du personnage, ce set guitare-voix m'a paru quelque peu opaque.

Un compte-rendu détaillé sur le site du Soir.

2. Holy Fuck (avant la fête de clôture du festival : Sexy Sushi)

Les Canadiens d'Holy Fuck ont réussi avec brio à emmener les spectateurs dans leur trip instrumental, tel un post-rock mâtiné d'électronique et d'effets en tous genres. Les morceaux s'enchaînent de manière jubilatoire, avec une nette préférence pour ceux du dernier album ("Latin"), véritables petites tueries à l'effet dévastateur.
Après eux, les Français électro-kitsch Sexy Sushi ont clôturé le festival dans une ambiance plutôt déjantée : une bonne manière d'en finir sans prise de tête, avec ce qu'il faut de provoc pour aguicher un public qui n'en demandait pas tant, dans une Orangerie transformée en fête déglinguée.

Là aussi, un résumé de la soirée sur le blog du Soir.

3. Arnaud Fleurent-Didier (avant Gaëtan - on ne va quand même pas rester là trop longtemps - Roussel)

Lui aussi on l'attendait de pied ferme, après ce formidable "La Reproduction" que l'on connait déjà sur le bout des doigts. On voyait mal comment les arrangements ambitieux du bonhomme allaient être reproduits sur scène mais la formule plus rock prisée par le garçon allait s'avérer être un choix judicieux. Le son n'était peut-être pas tout à fait au point au Cirque Royal mais le concert s'est révélé touchant, avec de très bons moments (l'enchaînement du diptyque Mémé 68-Pépé 44, le titre éponyme de l'album...). On était transporté, malgré l'impatience des fans de Mr Louise Attaque, visiblement pressés d'en finir. On reste par curiosité pour la tête d'affiche le temps de quelques morceaux efficaces mais sans plus : que voulez-vous, ça n'est pas rentré, on n'est pas restés (oui je sais elle est facile...).

4. Black Lips (avant leur side-project gospello-punk The Almighty Defenders)

Ce n'était pas la première fois que j'assistais au show des Black Lips (je les avais vu à la Rotonde il y a un an et demi) mais on peut dire que le groupe est toujours aussi efficace, avec une armada de "tubes" en puissance comme en regorge leur "Good Bad Not Evil" de 2007. C'est redoutable et lorsque les Américains s'éclipsent face à un public conquis ce n'est pas vraiment pour mieux revenir. Vêtus de toges de prêtres, les Almighty Defenders haranguent la foule à coup de sermons, sur fond de rock garage. Tout ça demeure néanmoins assez anecdotique en regard de la prestation précédente, avec peu de morceaux qui parviennent à convaincre réellement et donc un sentiment que le supergroupe prêche quelque peu dans le vide. Peut-être aurais-je mieux fait de passer la soirée en compagnie des Tindersticks ?

5. Wolf Parade, à égalité avec MLCD

Wolf parade fait partie de ces groupes dont j'ai beaucoup entendu parler mais dont je n'ai jamais eu l'occasion d'explorer la discographie. Ce concert me semble un bon point de départ tant le groupe est impressionnant de par l'énergie que dégage sa musique, même si les gars ne sont visiblement pas des showmen. Hormis le volume sonore quelque peu assourdissant, une belle découverte, relatée, photos comprises, chez Esprits Critiques.

Et terminons avec le groupe qui on a ouvert le festival, nos compatriotes liégeois de MLCD (pour My Little Cheap Dictaphone), qui venaient présenter leur ambitieux opéra pop "The Tragic Tale Of A Genius". Le groupe est en pleine possession de ses moyens et le leader, Redboy, aidé par une belle scénographie (costumes façon crooner, projections durant tout le show), s'en donne à cœur joie. Même si on n'accroche pas musicalement de bout en bout, on sait que l'on tient là l'un des meilleurs albums belges de l'année, avec le Black Box Revelation, dans un genre tout à fait différent. Dommage que l'orchestre qui accompagnait le groupe était quelque peu sous-utilisé, un des rares reproches que l'on pouvait faire à cette prestation.

Voici donc la saison des festivals officiellement lancée : un bon départ donc, on verra ce qu'il en est à l'arrivée...

lundi 15 mars 2010

Still Getting Better...

Crédit photo : Marc d'Esprits Critiques (sa chronique et ses photos sont ici)

J’en ai déjà parlé, rares sont les concerts desquels on ressort réellement secoué, conscient que l’on vient de vivre un moment qui restera gravé, du moins on l’espère, à jamais dans notre inconscient musical. Pour Get Well Soon jeudi dernier, ce fut assurément un coup gagnant, d'autant plus qu'ils tenaient enfin le haut de l'affiche.

La première partie assurée par Musée Mécanique est agréable et très joliment arrangée dans un écrin de douceur. Mais sans connaissance préalable, les morceaux se suivent en se ressemblant quelque peu…A approfondir donc.

Lorsque la petite salle de l’Ancienne Belgique s’assombrit, c’est pour nous introduire à Get Well Soon grâce à un instrumental tiré de l’introduction de leur dernier album (le très riche "Vexations"), tandis que défilent en toile de fond des images venant illustrer la musique (ou est-ce le contraire ?). Il faudra bien 2-3 morceaux pour rentrer pleinement dans ce concert - la prégnance des images et la voix de Konstantin Gropper mixée très en avant déconcertent quelque peu - mais, sans qu’on ait eu le temps de s’en rendre compte, on se laisse complétement envahir par la performance rien moins qu’époustouflante, et qui ne connaitra pas de temps mort.

Une des grandes forces du groupe tient dans l’aspect lyrique de sa musique, qui prend aux tripes sans pourtant verser dans le mauvais goût (on n’est pas chez Muse heureusement) : même si l’on sent que les ficelles sont grosses (beaucoup de crescendo par exemple), on est littéralement happé par un tourbillon d’émotions. Gropper impressionne vocalement, et son groupe, qui compte en ses rangs sa soeur au violon, n'est pas en reste. Des morceaux tels que "If This Hat Is Missing...", "I Sold My Hands For Food..." ou "We Are Ghosts" dévastent tout sur leur passage. Ils parviennent aussi, et ce n'est pas une gageure, tout aussi bien à passionner sur les morceaux plus lents, là ou d'autres s'en sont sortis nettement plus mal quelques semaines plus tôt.

En résumé, on a pu observer un groupe en pleine possession de ses moyens...mais qui ne nous empêchera pas de caresser l'espoir, qu'à l'instar d'un Zach Condon ou d'un Sufjan Stevens, le meilleur reste encore à venir pour Konstantin Gropper, qui n'a que 27 ans.

Un morceau du dernier album est offert sur le site du groupe pour ceux qui ne connaitraient pas encore Get Well Soon :

mardi 2 mars 2010

Chronique d'un monde incertain

On vit une drôle d'époque. Il ne se passe pas une semaine sans qu'une nouvelle catastrophe (naturelle ou non) s'abatte quelque part, apportant dans son sillage son lot de désolations. Haïti ou le Chili nous semblent loin mais Madère déjà moins, sans parler de la Vendée. Notre monde "civilisé" ne nous a pas habitué à cela, on vit dans l'illusion d'une sécurité que l'on croit inébranlable. Mais près de chez nous aussi, des évènements tragiques nous démontrent le contraire. En Belgique, une fuite de gaz à Liège et un accident de train près de Bruxelles l'ont durement rappelé ces dernières semaines. Et de se rendre compte alors que la vie est avant tout bien fragile.

Dans Bruxelles, l'Union Européenne a placardé de nombreuses affiches avec l'annonce "Stop poverty now". A qui s'adressent-elles ? Aux passants ? On le sait pourtant : la pauvreté en général, la faim dans le monde, le réchauffement climatique, ou encore l'éradication des maladies pour lesquelles il existe des traitements, sont autant de problèmes majeurs qui pourraient être pris à bras-le-corps s'il existait une réelle volonté politique chez nos dirigeants. On ne le répétera jamais assez mais l'argent débloqué par les États pour sauver les banques a démontré que des ressources financières d'une ampleur inédite pouvaient être mobilisées en un rien de temps. Soit, on sait désormais où se trouvent les priorités des politiques. Alors, les campagnes performatives, vous pensez bien...

On le voit d'ailleurs, le fossé entre pauvres et riches ne fait que de se creuser. Les ex-salariés de Carrefour et d'Opel Anvers peuvent certainement en témoigner. Eux comme beaucoup d'autres n'ont pourtant pas commis d'autres crimes que d'avoir fait leur boulot. Résultat : on les "remercie" lâchement pour des histoires de compétitivité qui les dépassent. Comme des pions d'un jeu qui n'aurait pas, ou alors si peu, de règles pour le régir. Ne comptant au final que la victoire financière de quelques-uns.

On vit une époque incertaine. Un examen de conscience est nécessaire, qui que nous soyons et quel que soit notre rôle au sein de la société. Et on a besoin d'espoir aussi, plus que jamais.


PS : pour se mettre un peu de baume au cœur, Beach House a sorti un album réconfortant. Ce n'est certes pas grand chose mais par les temps qui courent, c'est toujours ça de pris. Lorsque Victoria Legrand chante "I'll take care of you" de sa voix suave sur la dernière plage de Teen Dream, on a juste envie de se laisser faire et de s'abandonner en rêvant à des jours meilleurs. Pourvu qu'ils ne tardent pas...

mercredi 17 février 2010

In the Middle of the Lake...


Le dernier Midlake ("The Courage of the Others") semble diviser la blogosphère. Alors que certains le considèrent comme un chef-d'oeuvre, Pitchfork et pas mal de commentateurs abondent dans le sens contraire (voir par exemple ici). Personnellement, je serais plus modéré : si l'album déçoit par rapport au précédent (peut-être parce qu'on n'y trouve pas de morceaux aussi forts que Roscoe ou Young Bride), force est de reconnaître qu'il s'agit d'un disque solide et cohérent. Et c'est sans doute la voie que le groupe a choisi d'emprunter qui en fait fuir certains : après le revival folk-choral des Fleet Foxes, place en effet à l'heroïc-folk de Midlake ! Avec des relents de Fairport Convention, Pentangle et autres formations folk-rock britanniques des années 60, le disque est empreint d'un classicisme qui peut en effet rebuter...mais que d'autres trouveront classieux. Et en live ça donne quoi ?

Jeudi dernier à l'Ancienne Belgique (dans une configuration Box complète depuis un moment déjà), on s'étonne tout d'abord du nombre de musiciens présents sur scène, qui ne sont pas moins de 7. Cela donne la plupart du temps 4 (!) guitaristes, lorsque Tim Smith ne troque pas sa gratte pour une flûte traversière (qui est aussi jouée par un autre membre du groupe). Dans une salle où l'acoustique est toujours un plaisir, on ne peut pas reprocher au groupe de bâcler le travail : les nouveaux morceaux sont joués de manière précise - les chœurs et les orchestrations de guitares sont un délice - et dès le morceau d'ouverture ("Winter Dies"), on est emporté par cette musique prenante, l'atmosphère du live procurant bien évidemment un frisson supplémentaire par rapport au disque.

Le reste du concert sera à l'avenant, avec Tim Smith qui choisit de rester en retrait (il jouera bien souvent assis) et qui assurera une interprétation sans faille. Malgré tout, les quelques morceaux plus anciens (il n'y en aura pas du premier disque mais bien du précédent), déçoivent quelque peu : peut-être qu'une configuration plus souple et réduite aurait mieux convenu ? Les subtilités d'un "Young Bride" par exemple résistent mal au passage par cette machine qu'est devenue Midlake en live (et le vide du violon se fait bien entendu ressentir). Le concert manque également de rythme et souffre un peu d'une linéarité que l'on pourrait également reprocher au disque. Des morceaux plus anodins, une overdose de flûte et un final où les guitaristes rivalisent de solos (beurk : tout le monde n'est pas Neil Young ou Wilco !) finiront par nous laisser un sentiment mitigé d'un concert qui a souligné tant les qualités que les défauts du dernier album, et qui dès lors ne nous permettra pas de nous faire un avis définitif sur celui-ci...

Ceux qui les ont manqués peuvent toujours se rattraper le 23 avril, dans la belle salle du Trix d'Anvers.

lundi 8 février 2010

Bloguer...oui mais pourquoi ?

Quelle devrait-être la fonction d'un blog ? Chacun évidemment est libre de faire ce qu'il veut de son espace d'expression mais ne devrait-il pas idéalement se positionner comme une alternative aux médias traditionnels - qu'ils soient généralistes ou spécialisés - tels que presse, radios, émissions de télévision ? On peut également inclure dans cette catégorie certains sites web, dont le mode de fonctionnement ne diffère pas énormément des moyens précités.

Quelle est donc la grande différence entre ces médias et les blogs ? Elle est évidente selon moi : ces derniers supposent une certaine liberté d'écriture, vu que le contenu d'un blog n'engage, en principe, que son auteur. Cela veut dire qu'il a tout à fait le droit de laisser exprimer sa subjectivité par rapport aux sujets abordés. Mais c'est là que le bât blesse ! Quels sont les blogs qui saisissent réellement cette opportunité ? Sans chercher ici à me faire des ennemis, force est de constater que beaucoup d'entre eux se "contentent" de parler musique de manière plutôt convenue, nouveauté après nouveauté, chronique après chronique. D'ailleurs, à quoi sert-il de passer son temps à chroniquer un disque alors qu'il est désormais aisé pour un internaute de l'écouter soi-même en ligne, et se faire ainsi son propre avis ? Et l'écoute d'un disque sans achat préalable semble une pratique qui est entrée dans les mœurs aujourd’hui, jusqu'aux maisons de disque elle-même, qui semblent l'encourager. Rares sont ainsi les artistes qui ne proposent par leur album en streaming (limité, soit) aux alentours de leur date de sortie. Le "Luisterpaal" ici à droite peut en attester, ainsi qu’autres Deezer ou MySpace.

Vous me direz que pour amener l'internaute à jeter une oreille sur une nouveauté, il faut des incitants. Et que les chroniques de disque, sur le net ou autres, participent à cette fonction. Cela est tout à fait vrai, mais j'aurais tendance à penser que c'est surtout le cas pour des blogs "reconnus", dans le sens où leur auteur peut être considéré comme un "leader d'opinion" (un concept de Lazarsfeld qui devrait rappeler à certains leurs chères études en communication). Qui sont ces blogueurs ? L'indice qui ne trompe pas pour les reconnaître tient tout simplement au nombre de commentaires que récoltent leurs billets. Lorsque Thom du Golb ou GT d'Art-Rock parlent d'un disque, ils n'ont peut-être pas le nombre de visiteurs d’un site spécialisé comme celui des Inrocks, mais ils sont suivis par une "communauté" fidèle de lecteurs, qui s'ils voient un disque encensé sur ces blogs se disent qu’il vaut certainement la peine d’y jeter ne serait-ce qu’une oreille. Ces blogueurs sont également supposés être indépendants (pas d’éditeurs ou de maisons de disque qu’il ne faut pas froisser, pas de jeux promotionnels "win-win"...). On leur accorde donc un crédit plus ou moins important qui leur permet de disposer d'une influence non négligeable dans la sphère de leur lectorat.

Mais ce n'est pas le cas de tous les blogs évidemment. Si moi-même je publie une chronique de disque, je ne dispose pas de cette légitimité, tout simplement parce que je n'ai pas encore "fait mes preuves", dans le sens où mes quelques billets isolés ne permettent certainement pas aux lecteurs de se forger une opinion arrêtée sur le crédit à m'accorder (ou non). Je pense qu'il en va de même pour de nombreux blogs, qui en écrivant leurs chroniques de nouveautés de manière linéaire et isolée, prêchent en quelque sorte malheureusement dans le vide.

Il existe selon moi deux pistes à suivre pour se sortir de cette situation. Une des solutions est tout simplement de rejoindre un site, qui lui possède une certaine légitimité que le lecteur ne remettra pas en question. L'exemple du site "Dans le mur du son" est éloquent en la matière : ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, les rédacteurs sont loin d'être des novices mais voici un bon exemple de blogueurs qui ont décidés de s’associer parce qu’ils ont pris conscience que leurs chroniques gagneraient en écho si elles étaient publiées sous la même bannière. Une expérience qui me semble tout à fait réussie vu que dans mon cas je lis toutes leurs chroniques avec un même intérêt, sans me soucier de qui les a écrites (sauf bien évidemment quand je suis un désaccord !).

La deuxième piste consiste quant à elle à trouver une approche originale dans la manière de parler de musique. C’est un passage obligé pour presque tout le monde, hormis les quelques rares personnes qui peuvent se permettre de compter uniquement sur la qualité de leur prose pour passionner leur lectorat. Il s’agit donc de trouver un angle d'attaque qui permettra d'accrocher le lecteur. Moi-même je dois avouer qu’après le manque de temps, il s'agit de la raison principale qui m'empêche de publier souvent sur ce blog : je ne souhaite pas répéter ce que certains « collègues » ont déjà fait avant moi, surtout si c’est pour le faire en moins bien. Malheureusement trouver à chaque fois une approche qui sort de l’ordinaire est loin d’être évident...

Et pourtant pas mal de blogs relèvent ce défi avec succès. Sans pouvoir les citer tous, voici quelques exemples de blogs réussis, bien qu’assez différents dans leur genre. Chez Art-Rock (de nouveau), la musique est évoquée de manière plutôt érudite, chez Kill me Sarah, elle accompagne un journal de bord passionné et passionnant. On peut aussi décider d'évoquer la musique avec plus de légèreté, comme Coolbeans (A Tombouctou sans Mariachi) et son exploration alphabétique de discothèque et les petits jeux qui vont avec. Et finalement des formules très simples, comme proposer un nouveau morceau par jour (I Left Without My Hat), peuvent également se révéler d’une efficacité redoutable.

En bref, ces idées sont prises, il va donc falloir en trouver d'autres. Moi-même je cherche encore (si vous avez des suggestions...). C'est pour ça que je ne vous parlerai pas encore tout de suite des sorties de ces dernières semaines, en attendant les concerts ou une quelconque bonne idée avant de m’y mettre. Finalement, il ne faut pas oublier que le plus important reste avant tout de se faire plaisir : si c'est le cas, le lecteur devrait également pouvoir y trouver son compte.

dimanche 10 janvier 2010

Jamais trop tard...mes 10 titres de 2009

Qu'ai-je écouté en 2009 ? Beaucoup de choses - et pas forcément des nouveautés - qui comme chaque année partent un peu dans tous les sens...Si je ne pense pas pouvoir livrer un top des albums cette fois-ci, je vous laisse tout de même avec une petite sélection de mes 10 titres favoris de l'année écoulée, dans le désordre :

Antony & The Johnsons - One Dove

Et s'il s'agissait là du plus beau titre d'Antony et de son groupe ? Celui qui me semble le plus juste en tout cas, tout en équilibre fragile. Rien ne dépasse, pas d'excès dans la voix, ni d'arrangements superflus. Et ces quelques cuivres jazzy, qui confèrent une belle élégance au tout. Essentiel.

Grizzly Bear - Ready Able

J'aurais aussi bien pu choisir Two Weeks mais Ready Able s'est finalement imposé à moi comme l'autre joyau de ce disque fabuleux. Un morceau où il se passe énormément de choses mais où tout s'imbrique parfaitement, à se demander comment le groupe parvient à garder cette impression de légèreté avec une instrumentation aussi touffue (Muse ferait bien d'en prendre de la graine !). Et s'il n'en fallait qu'un, certainement le disque que je retiendrais de 2009.

Mono - Ashes in the Snow

Peut-être un peu pompeux sur la longueur, on retiendra cet album de Mono (produit par Steve Albini) surtout pour ce titre d'ouverture. Parce que même si j'affectionne ce genre, le post-rock c'est finalement souvent la même chose. Ici, le groupe et l'orchestre qui l'accompagne font des étincelles, et on sait que ce morceau sera toujours là quelque part pour nous et qu'il est de ceux qui nous font sentir vivants, rien de moins.

Alela Diane - Tated Lace

Oubliée (écartée ?) par beaucoup des tops de fin d'année car prise en flagrant délit d'ornementation (comme si les quelques instruments venus étoffer son deuxième disque étaient synonymes de surproduction), on aurait tort de passer à côté de ce beau disque, certes plus classique (certains diront "convenu") mais qui recèle son lot de perles. Voix sublime, mélodie à croquer, superbes envolées finales, je défie quiconque de trouver quoi que ce soit à redire sur ce titre, qui prouve avec une aisance insolente qu'Alela est déjà une grande.

Fuck Buttons - Surf Solar

J'écoute peu d'électro. Pas que je n'aime pas ça mais disons que ce genre reste pour moi difficile à appréhender sur la longueur, comme celle d'un album. Pourtant, je n'ai pas éprouvé de lassitude à l'écoute de "Tarot Sport". Et ce morceau en particulier, psychédélique à souhait et complétement barré, m'a fait autant d'effet que lorsque j'avais entendu ceci pour la première fois. Idéal pour se décrasser les oreilles.

Dominique A - Le Sens

La plus grande interrogation de l'histoire de l'humanité sur fond d'électronique lo-fi : quoi de plus casse-gueule ? Oui mais c'est Dominique A. Et on ne voit pas très bien qui d'autre aurait pu se tirer d'affaire avec un tel scénario. Lui bien, sans misérabilisme et avec une belle pudeur : une quête désespérée contée à hauteur d'homme.

Beirut - La Llorona

Il n'y avait peut-être pas grand chose à retenir de l'EP de Zach Condon et de son groupe, paru il y a presque un an. Un morceau sauve toutefois l'entreprise du naufrage, et quel morceau ! "La Llorona", complainte désespérée aux accents marins, est surtout exceptionnelle de par sa section de cuivres, qu'on n'avait jamais entendue comme ça chez Beirut. L'orchestre de 19 musiciens mexicains réussit en effet à conférer à la musique du gentil Zach une puissance inhabituelle, euphorisante et salvatrice malgré la mélancolie ambiante. Et puis quel beau clip.

Vic Chesnutt - Chain

Peut-on encore écouter Vic Chesnutt sans en avoir la gorge nouée ? Qu'y a-t-il de plus triste que de mourir le jour de Noël ? Au-delà de ces questions, Chain est le premier morceau de "At the Cut" que j'ai apprivoisé. Certainement le titre le plus accessible de ce disque, mais est-ce pour autant forcément une tare ? Bien évidemment que non. Chain a déjà sa place parmi les classiques de ces chanteurs dont la voix évoque un vécu intense (au hasard Tom Waits ou Kurt Wagner de Lambchop). Un grand moment.

The Mountain Goats & John Vanderslice - Scorpio Rising

Et une chanson pop parfaite, une ! Sur le meilleur EP collaboratif depuis "In the Reins" de Calexico et Iron & Wine. Passé inaperçu cette année parce que paru seulement à 1000 exemplaires vinyles vendus lors d'une tournée commune (ça n'aide pas), ce petit disque est la démonstration que le tout vaut parfois plus que la somme de ses parties. A découvrir d'urgence pour les fans du dernier album du groupe...

Girls - Hellholle Ratrace

Un des groupes les plus hype de l'année, qui a sorti un disque qui bien qu'inégal compte pas mal de très bons moments. Ce morceau-ci en fait indéniablement partie, et pour le coup fait aussi moins "musique de pub pour jeans ou GSM" que Lust for Life. Plus sérieusement, la belle voix de Christopher Owen fait des merveilles sur ce morceau épique, et quand il répète de manière hypnotisante “I don’t want to die without shaking up a leg or two/ Yeah I want to do some dancing, too...”, on a tous simplement envie d'y croire : c'est ça aussi le rock'n roll.

Et bien sûr, tout le meilleur pour 2010.

PS : les morceaux ne sont plus en ligne.