mercredi 17 février 2010

In the Middle of the Lake...


Le dernier Midlake ("The Courage of the Others") semble diviser la blogosphère. Alors que certains le considèrent comme un chef-d'oeuvre, Pitchfork et pas mal de commentateurs abondent dans le sens contraire (voir par exemple ici). Personnellement, je serais plus modéré : si l'album déçoit par rapport au précédent (peut-être parce qu'on n'y trouve pas de morceaux aussi forts que Roscoe ou Young Bride), force est de reconnaître qu'il s'agit d'un disque solide et cohérent. Et c'est sans doute la voie que le groupe a choisi d'emprunter qui en fait fuir certains : après le revival folk-choral des Fleet Foxes, place en effet à l'heroïc-folk de Midlake ! Avec des relents de Fairport Convention, Pentangle et autres formations folk-rock britanniques des années 60, le disque est empreint d'un classicisme qui peut en effet rebuter...mais que d'autres trouveront classieux. Et en live ça donne quoi ?

Jeudi dernier à l'Ancienne Belgique (dans une configuration Box complète depuis un moment déjà), on s'étonne tout d'abord du nombre de musiciens présents sur scène, qui ne sont pas moins de 7. Cela donne la plupart du temps 4 (!) guitaristes, lorsque Tim Smith ne troque pas sa gratte pour une flûte traversière (qui est aussi jouée par un autre membre du groupe). Dans une salle où l'acoustique est toujours un plaisir, on ne peut pas reprocher au groupe de bâcler le travail : les nouveaux morceaux sont joués de manière précise - les chœurs et les orchestrations de guitares sont un délice - et dès le morceau d'ouverture ("Winter Dies"), on est emporté par cette musique prenante, l'atmosphère du live procurant bien évidemment un frisson supplémentaire par rapport au disque.

Le reste du concert sera à l'avenant, avec Tim Smith qui choisit de rester en retrait (il jouera bien souvent assis) et qui assurera une interprétation sans faille. Malgré tout, les quelques morceaux plus anciens (il n'y en aura pas du premier disque mais bien du précédent), déçoivent quelque peu : peut-être qu'une configuration plus souple et réduite aurait mieux convenu ? Les subtilités d'un "Young Bride" par exemple résistent mal au passage par cette machine qu'est devenue Midlake en live (et le vide du violon se fait bien entendu ressentir). Le concert manque également de rythme et souffre un peu d'une linéarité que l'on pourrait également reprocher au disque. Des morceaux plus anodins, une overdose de flûte et un final où les guitaristes rivalisent de solos (beurk : tout le monde n'est pas Neil Young ou Wilco !) finiront par nous laisser un sentiment mitigé d'un concert qui a souligné tant les qualités que les défauts du dernier album, et qui dès lors ne nous permettra pas de nous faire un avis définitif sur celui-ci...

Ceux qui les ont manqués peuvent toujours se rattraper le 23 avril, dans la belle salle du Trix d'Anvers.

lundi 8 février 2010

Bloguer...oui mais pourquoi ?

Quelle devrait-être la fonction d'un blog ? Chacun évidemment est libre de faire ce qu'il veut de son espace d'expression mais ne devrait-il pas idéalement se positionner comme une alternative aux médias traditionnels - qu'ils soient généralistes ou spécialisés - tels que presse, radios, émissions de télévision ? On peut également inclure dans cette catégorie certains sites web, dont le mode de fonctionnement ne diffère pas énormément des moyens précités.

Quelle est donc la grande différence entre ces médias et les blogs ? Elle est évidente selon moi : ces derniers supposent une certaine liberté d'écriture, vu que le contenu d'un blog n'engage, en principe, que son auteur. Cela veut dire qu'il a tout à fait le droit de laisser exprimer sa subjectivité par rapport aux sujets abordés. Mais c'est là que le bât blesse ! Quels sont les blogs qui saisissent réellement cette opportunité ? Sans chercher ici à me faire des ennemis, force est de constater que beaucoup d'entre eux se "contentent" de parler musique de manière plutôt convenue, nouveauté après nouveauté, chronique après chronique. D'ailleurs, à quoi sert-il de passer son temps à chroniquer un disque alors qu'il est désormais aisé pour un internaute de l'écouter soi-même en ligne, et se faire ainsi son propre avis ? Et l'écoute d'un disque sans achat préalable semble une pratique qui est entrée dans les mœurs aujourd’hui, jusqu'aux maisons de disque elle-même, qui semblent l'encourager. Rares sont ainsi les artistes qui ne proposent par leur album en streaming (limité, soit) aux alentours de leur date de sortie. Le "Luisterpaal" ici à droite peut en attester, ainsi qu’autres Deezer ou MySpace.

Vous me direz que pour amener l'internaute à jeter une oreille sur une nouveauté, il faut des incitants. Et que les chroniques de disque, sur le net ou autres, participent à cette fonction. Cela est tout à fait vrai, mais j'aurais tendance à penser que c'est surtout le cas pour des blogs "reconnus", dans le sens où leur auteur peut être considéré comme un "leader d'opinion" (un concept de Lazarsfeld qui devrait rappeler à certains leurs chères études en communication). Qui sont ces blogueurs ? L'indice qui ne trompe pas pour les reconnaître tient tout simplement au nombre de commentaires que récoltent leurs billets. Lorsque Thom du Golb ou GT d'Art-Rock parlent d'un disque, ils n'ont peut-être pas le nombre de visiteurs d’un site spécialisé comme celui des Inrocks, mais ils sont suivis par une "communauté" fidèle de lecteurs, qui s'ils voient un disque encensé sur ces blogs se disent qu’il vaut certainement la peine d’y jeter ne serait-ce qu’une oreille. Ces blogueurs sont également supposés être indépendants (pas d’éditeurs ou de maisons de disque qu’il ne faut pas froisser, pas de jeux promotionnels "win-win"...). On leur accorde donc un crédit plus ou moins important qui leur permet de disposer d'une influence non négligeable dans la sphère de leur lectorat.

Mais ce n'est pas le cas de tous les blogs évidemment. Si moi-même je publie une chronique de disque, je ne dispose pas de cette légitimité, tout simplement parce que je n'ai pas encore "fait mes preuves", dans le sens où mes quelques billets isolés ne permettent certainement pas aux lecteurs de se forger une opinion arrêtée sur le crédit à m'accorder (ou non). Je pense qu'il en va de même pour de nombreux blogs, qui en écrivant leurs chroniques de nouveautés de manière linéaire et isolée, prêchent en quelque sorte malheureusement dans le vide.

Il existe selon moi deux pistes à suivre pour se sortir de cette situation. Une des solutions est tout simplement de rejoindre un site, qui lui possède une certaine légitimité que le lecteur ne remettra pas en question. L'exemple du site "Dans le mur du son" est éloquent en la matière : ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, les rédacteurs sont loin d'être des novices mais voici un bon exemple de blogueurs qui ont décidés de s’associer parce qu’ils ont pris conscience que leurs chroniques gagneraient en écho si elles étaient publiées sous la même bannière. Une expérience qui me semble tout à fait réussie vu que dans mon cas je lis toutes leurs chroniques avec un même intérêt, sans me soucier de qui les a écrites (sauf bien évidemment quand je suis un désaccord !).

La deuxième piste consiste quant à elle à trouver une approche originale dans la manière de parler de musique. C’est un passage obligé pour presque tout le monde, hormis les quelques rares personnes qui peuvent se permettre de compter uniquement sur la qualité de leur prose pour passionner leur lectorat. Il s’agit donc de trouver un angle d'attaque qui permettra d'accrocher le lecteur. Moi-même je dois avouer qu’après le manque de temps, il s'agit de la raison principale qui m'empêche de publier souvent sur ce blog : je ne souhaite pas répéter ce que certains « collègues » ont déjà fait avant moi, surtout si c’est pour le faire en moins bien. Malheureusement trouver à chaque fois une approche qui sort de l’ordinaire est loin d’être évident...

Et pourtant pas mal de blogs relèvent ce défi avec succès. Sans pouvoir les citer tous, voici quelques exemples de blogs réussis, bien qu’assez différents dans leur genre. Chez Art-Rock (de nouveau), la musique est évoquée de manière plutôt érudite, chez Kill me Sarah, elle accompagne un journal de bord passionné et passionnant. On peut aussi décider d'évoquer la musique avec plus de légèreté, comme Coolbeans (A Tombouctou sans Mariachi) et son exploration alphabétique de discothèque et les petits jeux qui vont avec. Et finalement des formules très simples, comme proposer un nouveau morceau par jour (I Left Without My Hat), peuvent également se révéler d’une efficacité redoutable.

En bref, ces idées sont prises, il va donc falloir en trouver d'autres. Moi-même je cherche encore (si vous avez des suggestions...). C'est pour ça que je ne vous parlerai pas encore tout de suite des sorties de ces dernières semaines, en attendant les concerts ou une quelconque bonne idée avant de m’y mettre. Finalement, il ne faut pas oublier que le plus important reste avant tout de se faire plaisir : si c'est le cas, le lecteur devrait également pouvoir y trouver son compte.