mardi 14 juillet 2009

Festival Les Ardentes : une chronique

Avec l'été se profile la saison des festivals. Premier arrêt: la quatrième édition des "Ardentes" à Liège, dont je vous livre mes impressions (que j'ai voulu courtes mais qui au final s'avèrent plus longues que prévues).

Jeudi 09/07

J'arrive tardivement sur le site (vers 23h30), juste le temps de voir la seconde moitié du set de Mogwai. Toutes guitares dehors comme à leur habitude, un son énorme qui prend forcément aux tripes mais qui ne s'encombre pas de subtilités: c'est du lourd mais le public semble apprécier. Sans dire que le groupe a démérité, on se retrouve malgré nous à apprécier le silence après un tel déluge sonore.
10 minutes après (le temps de rejoindre la grande scène), et c'est Emiliana Torrini qui clôture la soirée sur la scène principale. Pour ceux qui comme moi l'ont vue sur scène auparavant (comme lors du formidable concert à l'Ancienne Belgique en février dernier), la déception est grande, avec une performance en demi-teinte et qui peine réellement à démarrer. Pas vraiment de la faute de l'Italo-Islandaise, mais plutôt une question d'environnement inadéquat : il est en effet très difficile de remplir l'espace sonore avec des chansons intimistes, principalement acoustiques, comme celles de son impeccable deuxième album, le très folk "Fisherman's Woman". Le public, dont visiblement une grande partie n'est là que pour entendre son hit "Jungle Drum" n'aidera pas non plus. Heureusement la seconde moitié du set fonctionnera mieux grâce à des morceaux plus orchestrés, qui passent plus facilement malgré la pluie qui s'abat sur la plaine liégeoise. On en ressort malgré tout mitigé, en se disant qu'elle vaut mieux que ça (et que sa robe plastique).
Après cela, on repasse encore, juste par curiosité, pour voir ce que le vétéran Grandmaster Flash a à nous proposer sur la scène intérieure : si on ne peut pas juger d'une performance en 5 minutes, je dois dire que j'ai préféré profiter de mon lit plutôt que d'entendre un mix enchainant "Song 2" de Blur à "Smells like Teen Spirit" de Nirvana, digne pour moi d'une boum d'anniversaire d'un jeunot de 16 ans...

Vendredi 10/07

Premier concert du jour : les !!!. Alors qu'ils étaient pour moi la grande claque du festival il y a deux ans, les "tchik tchik tchik" ont proposé un spectacle moins déjanté (la faute au départ d'un membre du groupe ?) mais qui avait le mérite de bien faire bouger le public, surtout dans les premiers rangs. Nic Offer, comme à son habitude, n'a pas lésiné sur les déhanchements et l'on a assisté à un bon concert même si on est un peu déçu de ne pas retrouver le grain de folie qui nous avait tant allumé la dernière fois.
On s'en va plus tard dans les halles pour assister à quelques prestations électro, si je ne me trompe pas, de South Central, The Subs et du très attendu Paul Kalbrenner. L'électro, ce n'est pas vraiment mon domaine mais des trois, c'est surtout le dernier qui me semble-t-il a réussi à faire danser la foule.
Retour à l'extérieur pour assister au concert de Q-Tip (ancien A Tribe called Quest pour les connaisseurs), qui, backé par un vrai band, a proposé un hip hop bouillonnant et qui se révèlera être la bonne surprise de la journée.
Après, c'était au tour de Gossip de clôturer cette journée sur la grande scène. OK Beth Ditto se donne à fond (pas de doutes là-dessus), OK elle chante avec ses tripes (ce qui peut irriter un peu à la longue) mais les morceaux se suivent et se ressemblent, jusqu'au final, qui comprend les deux hits du groupe : "Standing in the way of Control" et le dernier single, "Heavy Cross", qui mettent réellement le feu. De deux choses l'une: soit ces morceaux sont les seuls qui sortent réellement du lot, soit ce concert fut la démonstration qu'un matraquage radio peut porter ses fruits en donnant l'illusion que ces titres sont formidables alors qu'ils sont au fond aussi interchangeables que les précédents. Si quelqu'un connaît leurs albums et peut m'éclairer, il est le bienvenu...

Samedi 11/07

DAY OFF :-)

Dimanche 12/07

Cette fois-ci on se lève tôt (et on aurait tort de traîner, l'affiche du dimanche aux Ardentes étant généralement la plus intéressante) et on arrive presqu'à l'heure pour le revenant Rodriguez (dont je vous ai parlé précédemment), qui semblait plutôt en forme (et qui, comme dirait l'autre, "n'avait apparemment pas bu que de l'eau"). Le groupe qui l'entoure semble plutôt jeune (dans les 35-40 ans) mais parvient à produire ce son vintage et psyché qui sied si bien au chanteur, tout en rajoutant un peu de peps. Le vieux briscard, heureux d'être là et habillé tout de noir, interprète les plus beaux titres de son répertoire (dont une longue version du fameux "Sugar Man"), en les ponctuant de blagues pas toujours très compréhensibles. Après un rappel où il nous interprète "I'm going to live" (until I die) en acoustique, on se dit qu'on y compte bien et on espère également qu'il repassera bientôt dans le coin pour un concert complet.
S'en suit un peu plus tard un autre vétéran, l'Ethiopien Mulatu Astatke, accompagné par le collectif The Heliocentrics. Pas vraiment une surprise pour moi, vu que je les ai vus il y a quelques mois à Gand pour un concert qui devait au moins faire 3h (et qui valait franchement la peine), j'ai de nouveau été ébloui par le son généreux et prenant déployé par le groupe, comme semblait également l'être le public.
Je n'oserais pas après vous narrer la prestation de la navrante Gabriella Cilmi, qui s'est époumonée tant bien que mal sur la scène extérieure, et qui hormis un tube est contrainte de meubler son set par des reprises (dont une passable de Justin Timberlake et une affreuse de "Me and Bobby McGee", le classique popularisé par Janis Joplin).
Le temps de boire un verre et c'est le trio Peter, Bjorn & John qui débarque sur la même scène. Ils livrent une belle prestation et le chanteur (je ne saurais pas dire qui est qui) a de l'énergie à revendre. Quant à la musique proprement dite, on est face à de la pop souvent down-tempo, ce qui peut expliquer en partie la relative apathie de l'audience. Un autre élément d'explication vient certainement de la méconnaissance du répertoire du groupe, qui hormis "Young Folks", ne possède pas beaucoup de tubes proprements dits. Dommage ceci dit, à l'écoute d'un titre tel qu'"Amsterdam" et d'autres encore qui m'ont semblé pas mal du tout et qu'il faudrait que j'approfondisse un jour.
Vu le retard pris dans la salle, j'arrive juste à temps pour profiter de la performance d'Alela Diane, qui enchante décidément toujours autant, malgré ses cheveux courts, son toujours très démonstratif bassiste et la petite touche d'humour qui semble malheureusement avoir disparu de ses spectacles. Mais il faudrait être de mauvaise foi pour critiquer une telle voix, qui en plus d'imposer naturellement le silence sur les titres les plus dénudés, nous emporte loin et dont on se demande si elle pourra lasser un jour. Rideau après 40 minutes et on se dit qu'on serait vraiment resté sur notre faim si on ne l'avait pas déjà vue quelque fois auparavant.
Dehors ce sont les Cold War Kids qui ont pris le relais pour un set solide. On regarde malheureusement un peu de loin, ce qui n'est pas rendre service à cette musique plus exigeante que la moyenne mais qui impressionne certainement.
Et on l'avoue, le dernier concert auquel on assistera sera celui de Julien Doré (aïe!). Si je dois dire que je n'ai jamais été fan du garçon, il faut reconnaitre qu'il sait se défendre sur scène et que face à un public conquis (ce qui devait certainement être le cas), on assiste à un spectacle pas déplaisant. Là où le bât blesse à mon avis, c'est au niveau du répertoire : les titres laissent indifférents (hormis "Les Limites" qui reste en tête, bien qu'on préfèrerait l'oublier). Par contre le groupe qui l'accompagne sait jouer et ça s'entend par exemple lors du duo rythmé avec Coeur de Pirate (celle de "Comme des enfants", un autre titre qu'on aimerait oublier mais là je m'éloigne...) bien que ça semble un peu facile, le morceau se résumant à une répétition d'une même phrase sur quelques accords. Il a aussi le culot de finir sur un instrumental bien senti, qui nous laisse penser que le chanteur a bien plusieurs cordes à son arc mais qu'à force de faire le grand écart entre les genres, on a bien du mal à se positionner par-rapport à cette musique qui part dans tous les sens, avec comme centre de gravité le personnage de Julien Doré, un schizophrène qui ne sait pas toujours bien où il met les pieds...et finalement nous non plus.

En résumé, un bon festival, sans claque ni découverte majeure mais avec pas mal de bons moments.

D'autres échos et des illustrations par là :

- La chronique d' Esprits Critiques, détaillée par jour (1, 2, 3 et 4)
- L'avis de K-Web
- Les photos de Little reviews