lundi 15 mars 2010

Still Getting Better...

Crédit photo : Marc d'Esprits Critiques (sa chronique et ses photos sont ici)

J’en ai déjà parlé, rares sont les concerts desquels on ressort réellement secoué, conscient que l’on vient de vivre un moment qui restera gravé, du moins on l’espère, à jamais dans notre inconscient musical. Pour Get Well Soon jeudi dernier, ce fut assurément un coup gagnant, d'autant plus qu'ils tenaient enfin le haut de l'affiche.

La première partie assurée par Musée Mécanique est agréable et très joliment arrangée dans un écrin de douceur. Mais sans connaissance préalable, les morceaux se suivent en se ressemblant quelque peu…A approfondir donc.

Lorsque la petite salle de l’Ancienne Belgique s’assombrit, c’est pour nous introduire à Get Well Soon grâce à un instrumental tiré de l’introduction de leur dernier album (le très riche "Vexations"), tandis que défilent en toile de fond des images venant illustrer la musique (ou est-ce le contraire ?). Il faudra bien 2-3 morceaux pour rentrer pleinement dans ce concert - la prégnance des images et la voix de Konstantin Gropper mixée très en avant déconcertent quelque peu - mais, sans qu’on ait eu le temps de s’en rendre compte, on se laisse complétement envahir par la performance rien moins qu’époustouflante, et qui ne connaitra pas de temps mort.

Une des grandes forces du groupe tient dans l’aspect lyrique de sa musique, qui prend aux tripes sans pourtant verser dans le mauvais goût (on n’est pas chez Muse heureusement) : même si l’on sent que les ficelles sont grosses (beaucoup de crescendo par exemple), on est littéralement happé par un tourbillon d’émotions. Gropper impressionne vocalement, et son groupe, qui compte en ses rangs sa soeur au violon, n'est pas en reste. Des morceaux tels que "If This Hat Is Missing...", "I Sold My Hands For Food..." ou "We Are Ghosts" dévastent tout sur leur passage. Ils parviennent aussi, et ce n'est pas une gageure, tout aussi bien à passionner sur les morceaux plus lents, là ou d'autres s'en sont sortis nettement plus mal quelques semaines plus tôt.

En résumé, on a pu observer un groupe en pleine possession de ses moyens...mais qui ne nous empêchera pas de caresser l'espoir, qu'à l'instar d'un Zach Condon ou d'un Sufjan Stevens, le meilleur reste encore à venir pour Konstantin Gropper, qui n'a que 27 ans.

Un morceau du dernier album est offert sur le site du groupe pour ceux qui ne connaitraient pas encore Get Well Soon :

mardi 2 mars 2010

Chronique d'un monde incertain

On vit une drôle d'époque. Il ne se passe pas une semaine sans qu'une nouvelle catastrophe (naturelle ou non) s'abatte quelque part, apportant dans son sillage son lot de désolations. Haïti ou le Chili nous semblent loin mais Madère déjà moins, sans parler de la Vendée. Notre monde "civilisé" ne nous a pas habitué à cela, on vit dans l'illusion d'une sécurité que l'on croit inébranlable. Mais près de chez nous aussi, des évènements tragiques nous démontrent le contraire. En Belgique, une fuite de gaz à Liège et un accident de train près de Bruxelles l'ont durement rappelé ces dernières semaines. Et de se rendre compte alors que la vie est avant tout bien fragile.

Dans Bruxelles, l'Union Européenne a placardé de nombreuses affiches avec l'annonce "Stop poverty now". A qui s'adressent-elles ? Aux passants ? On le sait pourtant : la pauvreté en général, la faim dans le monde, le réchauffement climatique, ou encore l'éradication des maladies pour lesquelles il existe des traitements, sont autant de problèmes majeurs qui pourraient être pris à bras-le-corps s'il existait une réelle volonté politique chez nos dirigeants. On ne le répétera jamais assez mais l'argent débloqué par les États pour sauver les banques a démontré que des ressources financières d'une ampleur inédite pouvaient être mobilisées en un rien de temps. Soit, on sait désormais où se trouvent les priorités des politiques. Alors, les campagnes performatives, vous pensez bien...

On le voit d'ailleurs, le fossé entre pauvres et riches ne fait que de se creuser. Les ex-salariés de Carrefour et d'Opel Anvers peuvent certainement en témoigner. Eux comme beaucoup d'autres n'ont pourtant pas commis d'autres crimes que d'avoir fait leur boulot. Résultat : on les "remercie" lâchement pour des histoires de compétitivité qui les dépassent. Comme des pions d'un jeu qui n'aurait pas, ou alors si peu, de règles pour le régir. Ne comptant au final que la victoire financière de quelques-uns.

On vit une époque incertaine. Un examen de conscience est nécessaire, qui que nous soyons et quel que soit notre rôle au sein de la société. Et on a besoin d'espoir aussi, plus que jamais.


PS : pour se mettre un peu de baume au cœur, Beach House a sorti un album réconfortant. Ce n'est certes pas grand chose mais par les temps qui courent, c'est toujours ça de pris. Lorsque Victoria Legrand chante "I'll take care of you" de sa voix suave sur la dernière plage de Teen Dream, on a juste envie de se laisser faire et de s'abandonner en rêvant à des jours meilleurs. Pourvu qu'ils ne tardent pas...